



Mercedes en 1914 : le triomphe avant la tempête
L’année 1914 marque un sommet dans l’histoire précoce du sport automobile, et Mercedes y joue un rôle de premier plan. Juste avant que la Première Guerre mondiale ne fige l’Europe, la firme allemande démontre l’étendue de sa supériorité technique et stratégique lors d’une des courses les plus mythiques de l’époque : le Grand Prix de l’Automobile Club de France, couru à Lyon. Ce fut une apothéose mécanique et humaine, une domination nette, et une démonstration de puissance allemande… dans tous les sens du terme.
Une technique de pointe : la Mercedes 18/100 Grand Prix
La voiture vedette de 1914 est la Mercedes 18/100 Grand Prix, un pur-sang taillé pour l’endurance et la performance. Elle a été conçue dans les ateliers de Daimler-Motoren-Gesellschaft (DMG) à Stuttgart, sous la direction du brillant ingénieur Paul Daimler, fils de Gottlieb Daimler, le pionnier de l’automobile.
Le moteur est un quatre cylindres en ligne de 4,5 litres, développant 106 chevaux à 3 100 tr/min – une puissance exceptionnelle pour l’époque. Le nom « 18/100 » fait référence à la puissance fiscale (18 CV) et à la puissance réelle (100 chevaux).
Elle se distingue par des innovations techniques significatives :
- Soupapes en tête : une rareté à l’époque, permettant une meilleure respiration du moteur.
- Refroidissement à eau avec une pompe et un grand radiateur vertical, garantissant une température stable même sur les longues courses.
- Boîte manuelle à 4 rapports, montée en bloc avec l’embrayage, pour plus de fiabilité.
- Châssis léger mais robuste, combinant rigidité et souplesse sur les routes accidentées.
- Freins à tambours uniquement à l’arrière, mais efficaces pour les standards de 1914.
Les voitures étaient construites avec une rigueur industrielle impressionnante, ce qui tranchait avec certaines productions artisanales de l’époque.
Les pilotes : la fine fleur européenne
Pour affronter le Grand Prix de France 1914, Mercedes engage une équipe de pilotes internationaux, tous parmi les meilleurs du moment.
- Christian Lautenschlager : ouvrier devenu pilote d’usine chez Mercedes, déjà vainqueur du Grand Prix de France en 1908, il est discret, calme et redoutablement efficace.
- Louis Wagner : pilote français engagé par Mercedes, connu pour sa bravoure et sa finesse technique.
- Otto Salzer : expérimenté, fiable, ancien motard devenu pilote de voitures de course.
- Max Sailer : jeune talent, très rapide mais parfois trop fougueux.
- Theodor Pilette : pilote belge, également engagé pour renforcer l’équipe.
La composition internationale de l’équipe symbolisait encore un monde où la compétition transcendait les nationalités — juste avant que la guerre ne fracture cette unité.
La victoire de Lyon : domination totale
Le Grand Prix de l’Automobile Club de France 1914, organisé sur un circuit routier de 37,6 km à Lyon, est considéré comme l’un des plus importants de l’histoire. Il réunit les plus grandes marques : Peugeot, Delage, Fiat, Sunbeam et Mercedes.
La course s’étale sur 20 tours, soit plus de 750 kilomètres, sur des routes poussiéreuses, parsemées de virages dangereux, de pentes et de cailloux. Les Mercedes dominent dès les premiers tours grâce à leur endurance, leur fiabilité et leur faible consommation.
Christian Lautenschlager remporte la victoire en 7h 08min 18s, devant ses coéquipiers Louis Wagner et Otto Salzer. Triplé historique pour Mercedes : une humiliation pour Peugeot, pourtant favorite avec ses moteurs à double arbre à cames.
Cette victoire fut vécue en Allemagne comme un triomphe technologique national, tandis que les tensions politiques s’envenimaient en Europe. À peine quelques semaines plus tard, la guerre éclatait, mettant fin aux compétitions automobiles jusqu’en 1919.
Un héritage durable
La victoire de Mercedes en 1914 reste une des plus emblématiques de l’ère pré-guerre. Elle symbolise l’aboutissement d’une décennie de progrès techniques fulgurants. C’est aussi la dernière grande compétition internationale avant que l’Europe ne sombre dans la guerre.
L’héritage de cette victoire est double : d’une part, une démonstration éclatante de la supériorité industrielle allemande ; d’autre part, un souvenir poignant d’une époque où l’automobile était synonyme de passion, de bravoure, et de génie mécanique.
illustration art print 82 x 116 cm
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