Essais au petit jour à Brooklands

Brooklands : berceau de la vitesse et du sport automobile britannique

Avant Silverstone, Brands Hatch ou Goodwood, il y eut Brooklands. Ce circuit, pionnier et mythique, fut le tout premier autodrome au monde spécifiquement conçu pour les courses automobiles. Situé à Weybridge, dans le Surrey (Angleterre), Brooklands fut plus qu’un simple circuit : c’était un symbole de modernité, d’ingénierie avancée et de passion pour la vitesse.


Genèse : le rêve de Hugh Locke King

Brooklands voit le jour grâce à un homme visionnaire : Hugh Fortescue Locke King, un riche industriel britannique fasciné par l’essor de l’automobile. À cette époque, le Royaume-Uni accuse un retard certain sur la France en matière de sport automobile. La législation britannique interdit les courses sur route ouverte, ce qui entrave les progrès techniques et les compétitions locales.

Locke King décide donc de créer un circuit privé où les voitures pourraient s’affronter librement. En 1906, il commence à financer, sur ses terres, la construction d’une piste de course permanente. Les travaux sont gigantesques : 200 000 tonnes de béton sont coulées, et des centaines d’ouvriers s’affairent jour et nuit. Le résultat est à la hauteur de l’ambition : Brooklands ouvre le 17 juin 1907, devenant ainsi le premier circuit de course automobile permanent au monde — devançant même Indianapolis (1911) ou Monza (1922).


Technique et structure : un monstre de béton

Brooklands est une construction unique pour son époque. Le circuit est une piste ovale de 4,43 km, avec des virages relevés pouvant atteindre jusqu’à 9 mètres de hauteur. Ce profil permet des vitesses très élevées, inédites au début du XXe siècle. Un circuit routier intérieur, plus technique, est ajouté plus tard pour diversifier les courses.

Le site comprend également des stands, des tribunes, un paddock et même un hangar pour avions : Brooklands devient très vite un centre d’innovation technologique, aussi bien pour l’automobile que pour l’aviation.


Pilotes : les pionniers de la vitesse

De nombreux pilotes britanniques et internationaux se rendent à Brooklands pour repousser les limites de la vitesse. Parmi les noms emblématiques :

  • Selwyn Edge, qui établit à Brooklands le premier record des 24 heures à plus de 100 km/h de moyenne (1907).
  • John Cobb, véritable légende de la vitesse terrestre, qui établira plusieurs records dans les années 1930 au volant de la Napier-Railton.
  • Malcolm Campbell, qui s’entraîne à Brooklands avant ses records de vitesse mondiaux.
  • Et surtout, des femmes pilotes comme Dorothy Levitt, Kay Petre ou Violette Cordery, qui trouvent à Brooklands un rare espace de reconnaissance.

Le circuit attire également de nombreux gentlemen drivers, des militaires, des ingénieurs, et toute une génération de pionniers.


Courses et victoires : un kaléidoscope de compétitions

Brooklands accueille un grand nombre d’événements : sprints, courses d’endurance, essais chronométrés et exhibitions. Parmi les plus célèbres, les Brooklands 500 Miles, équivalents britanniques des 500 Miles d’Indianapolis, rassemblent les meilleurs pilotes et constructeurs de l’époque : Bentley, Vauxhall, Sunbeam, Talbot…

Les records tombent les uns après les autres. Les voitures roulent de plus en plus vite sur le béton rugueux. En 1935, John Cobb atteint 230 km/h de moyenne sur le circuit avec la Napier-Railton, un record jamais battu à Brooklands.

L’endurance, la mécanique et la fiabilité sont mises à l’épreuve. De nombreux constructeurs y testent leurs modèles et leurs innovations : suspensions, carburateurs, moteurs en V, pneus spéciaux.


Et les courses nocturnes ?

Il n’y a pas de véritables courses nocturnes officielles à Brooklands dans les années 1920. Le circuit n’était pas éclairé et l’équipement électrique ne permettait pas encore des compétitions sécurisées après le coucher du soleil. Toutefois, des essais de nuit ou des records longue durée, débutant à l’aube ou se prolongeant jusqu’à la nuit tombée, ont bien eu lieu — parfois à la lueur de phares ou de torches temporaires. Mais il s’agissait d’exploits techniques plutôt que de véritables compétitions organisées.


Déclin et héritage

L’activité de Brooklands s’interrompt en 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Le circuit est alors réquisitionné par l’armée et devient un site de production aéronautique majeur : des bombardiers Wellington y sont assemblés, entre autres.

Après la guerre, le circuit est trop abîmé pour être restauré. La piste est morcelée par des usines, des pistes d’aviation et des bâtiments. Brooklands cesse d’exister comme lieu de course. Mais son héritage demeure immense.

Aujourd’hui, une partie du site a été restaurée et transformée en musée, où l’on peut admirer des voitures d’époque, des avions et même marcher sur un tronçon du célèbre banking. Brooklands est reconnu comme le berceau du sport automobile britannique.


Conclusion : une légende fondatrice

Brooklands n’a pas seulement été un circuit : il a été un laboratoire de la modernité, un lieu où l’homme et la machine ont appris à aller plus vite, plus loin, plus haut. Il a vu naître des champions, des records, et des innovations qui ont façonné le sport automobile tel qu’on le connaît.

Sans Brooklands, pas de culture automobile britannique telle qu’on la célèbre aujourd’hui. Le rugissement des moteurs sur son béton vibre encore dans l’imaginaire de tous les passionnés.

Tableau technique mixte dessin/palette graphique
Illustration numérique réalisée au format 80 x 117 cm, disponible en impression fine art toile, papier et autres dimensions…

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