


Maryse Bastié et son record d’aviation : une pionnière dans le ciel
Au début du XXᵉ siècle, alors que l’aviation en était encore à ses balbutiements, peu de femmes osaient affronter le ciel. Parmi celles qui ont marqué cette époque par leur audace et leur détermination, Maryse Bastié occupe une place de choix. Aviatrice française née dans un milieu modeste, elle a su se hisser au rang des plus grandes figures de l’aviation mondiale grâce à son courage, sa persévérance et ses records qui ont inspiré toute une génération.
Une enfance modeste et une vocation née du rêve
Maryse Bastié naît le 27 février 1898 à Limoges, dans une famille ouvrière. Son véritable nom est Marie-Louise Bombec. Son enfance est marquée par les difficultés : son père meurt jeune, et elle doit rapidement travailler pour subvenir à ses besoins. Elle exerce divers métiers manuels, notamment celui d’ouvrière dans une cordonnerie, puis dans une fabrique de chaussures.
Rien ne la prédestinait à devenir aviatrice. Pourtant, dans les années 1910, l’aviation fascine le monde. Les exploits de Blériot, Roland Garros ou encore Adrienne Bolland font rêver la jeune fille. Ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale que sa vie prend un tournant décisif : elle épouse Louis Bastié, un pilote aviateur, dont elle adoptera le nom. C’est à ses côtés qu’elle découvre véritablement le monde de l’aviation. Malheureusement, son mari meurt dans un accident d’avion, un drame qui ne fera que renforcer la détermination de Maryse à poursuivre ce rêve commun.
Les débuts dans le ciel
Devenue veuve, Maryse décide de se lancer seule dans l’apprentissage du pilotage, malgré les difficultés financières. Elle suit des cours à ses frais, économisant sou par sou pour pouvoir voler. En 1925, elle obtient enfin son brevet de pilote, une prouesse en soi pour une femme à cette époque. Très vite, elle montre un talent et une passion hors du commun.
N’ayant pas les moyens de s’offrir un avion neuf, elle achète un petit appareil d’occasion, qu’elle entretient elle-même. Elle participe à des meetings aériens, effectue des baptêmes de l’air, et donne des démonstrations pour financer ses vols. Mais Maryse Bastié ne veut pas seulement voler : elle veut repousser les limites.
Les grands records de Maryse Bastié
Maryse Bastié s’impose dès la fin des années 1920 comme une aviatrice de talent. En 1928, elle établit son premier record de durée de vol en solitaire : 26 heures et 47 minutes sans escale, sur un petit avion Caudron C.109, baptisé “Spider”. Ce record du monde féminin de durée est homologué par la Fédération aéronautique internationale (FAI). Ce vol, accompli dans des conditions météorologiques difficiles, impressionne la presse et le public.
Deux ans plus tard, en 1930, elle améliore son propre record avec 37 heures et 55 minutes de vol sans interruption. Cet exploit fait d’elle une véritable célébrité en France. Son courage et sa ténacité sont salués par tous, et elle devient un symbole de la femme moderne, capable d’égaler les hommes dans un domaine aussi périlleux que l’aviation.
Mais Maryse Bastié ne s’arrête pas là. En 1931, elle entreprend un vol en solitaire entre Le Bourget (France) et Uruguay, sur son avion Caudron C.635 Simoun. Elle réalise ce raid en 12 jours, parcourant plus de 3 000 kilomètres, une prouesse technique et humaine exceptionnelle pour l’époque. Ce vol transatlantique la place au rang des plus grands aviateurs de son temps, aux côtés de Jean Mermoz et d’Hélène Boucher.
Ces records ne sont pas seulement des exploits techniques : ils témoignent de sa volonté d’émancipation et de sa foi dans le progrès. Maryse Bastié voulait prouver que les femmes pouvaient accomplir les mêmes exploits que les hommes, avec le même courage et la même compétence.
Une femme engagée et reconnue
Après ses records, Maryse Bastié consacre une partie de sa vie à la promotion de l’aviation féminine. Elle ouvre une école de pilotage à Orly pour former de jeunes aviatrices et encourager les vocations. Son charisme et sa pédagogie lui valent une grande reconnaissance.
En 1935, elle reçoit la Légion d’honneur, distinction rare pour une femme pilote à l’époque. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle s’engage dans les Forces aériennes françaises, où elle effectue des missions de transport et de liaison, notamment pour la Résistance. Son courage pendant cette période renforce encore sa réputation.
Après la guerre, elle continue à promouvoir l’aviation civile et militaire, participant à de nombreux congrès et meetings. Son nom devient synonyme de ténacité et de dépassement de soi.
La fin tragique d’une vie de passion
Le 6 juillet 1952, Maryse Bastié meurt tragiquement dans un accident d’avion à Lyon-Bron, alors qu’elle devait participer à une démonstration aérienne. Ironie du sort, celle qui avait défié tant de fois la mort dans les airs trouve la fin qu’elle redoutait le moins : dans son élément, le ciel.
Sa disparition provoque une vive émotion en France et dans le monde de l’aviation. Elle laisse derrière elle une œuvre immense, une image de courage et de détermination qui continue d’inspirer des générations d’aviatrices.
Héritage et mémoire
Aujourd’hui, le nom de Maryse Bastié est gravé dans la mémoire collective. De nombreuses écoles, rues, et même un aérodrome portent son nom. Son histoire a ouvert la voie à des aviatrices comme Jacqueline Auriol ou Adrienne Bolland, et à toutes celles qui, après elle, ont voulu prouver que le ciel n’a pas de frontières de genre.
Maryse Bastié reste avant tout un symbole d’audace féminine, de liberté et de persévérance. Dans un monde où les femmes étaient encore cantonnées à des rôles secondaires, elle a su démontrer qu’elles pouvaient, elles aussi, conquérir les airs et battre des records.
Par ses exploits, elle a non seulement repoussé les limites techniques de son temps, mais elle a aussi ouvert la voie à une nouvelle conception du courage : celui d’oser rêver, même contre tous les vents.
Illustration mixte dessin/palette graphique 70 x 100 cm
Philippe Lepape
Renseignements
A partir de mes lavis. Mise en couleur et transformation artistique par Philippe Lepape.
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