



La Ford Capri et ses performances sur circuit : Une icône de la course européenne
Lorsqu’on évoque les sportives européennes des années 1970, la Ford Capri revient presque inévitablement dans la conversation. Présentée au Salon de Bruxelles en 1969, la Capri fut pensée par Ford Europe comme la “Mustang du Vieux Continent” : une voiture abordable, racée, modulaire, et surtout, capable d’allier plaisir de conduite et performance. Rapidement, la Capri est passée des showrooms aux paddocks, devenant une concurrente redoutable sur les circuits, en particulier dans les championnats de voitures de tourisme.
Une sportive polyvalente, pensée pour séduire
La Ford Capri se distingue par sa ligne tendue, son long capot et sa poupe compacte, signe distinctif des coupés de sport de l’époque. Mais au-delà de l’apparence, Ford a su décliner la Capri en une myriade de versions, allant du modeste moteur 1.3 litre à des V6 beaucoup plus performants. Cette modularité fut l’un des atouts majeurs de son succès commercial, avec plus de 1,8 million d’exemplaires produits entre 1969 et 1986.
Cependant, c’est surtout dans ses versions sportives que la Capri a marqué l’histoire du sport automobile. Dès les premières années, la marque engage le modèle dans diverses compétitions, avec une ambition claire : battre les marques allemandes et italiennes sur leur propre terrain.
La montée en puissance : de la Capri RS2600 à la RS3100
En 1970, Ford décide de s’attaquer au très relevé Championnat d’Europe des voitures de tourisme (ETCC). Pour cela, l’outil choisi est la Capri RS2600, développée par Ford Allemagne en collaboration avec le préparateur Weslake. Elle est propulsée par un V6 Cologne de 2.6 litres à injection mécanique Kugelfischer, développant environ 150 à 160 ch pour la version de route, et jusqu’à 290 ch pour les versions compétition en Groupe 2.
Avec un châssis renforcé, un allègement massif (grâce à l’aluminium et au polyester) et des suspensions retravaillées, la RS2600 devient immédiatement compétitive. Dès 1971, elle remporte plusieurs courses majeures et donne du fil à retordre à la BMW 2800 CS et aux Alfa Romeo GTA. Sa fiabilité, son couple moteur et sa stabilité à haute vitesse sont salués.
Mais Ford ne s’arrête pas là. En 1973, la Capri RS3100 prend le relais, cette fois avec un V6 de 3.1 litres (toujours basé sur le bloc Cologne). En version de course, la puissance atteint les 340 ch, et la voiture est engagée en Groupe 2 contre les BMW CSL et autres Porsche 911 RSR. C’est notamment grâce à cette version que Ford remporte le titre constructeur en ETCC en 1971 et 1972, puis continue à briller jusqu’au milieu des années 70.
Le sommet : la Ford Capri Zakspeed Turbo en Groupe 5
Le véritable apogée des performances sur circuit de la Capri se produit cependant à la fin des années 1970 avec l’apparition de la monstrueuse Capri Turbo Groupe 5, développée par Zakspeed, préparateur allemand emblématique. Ce modèle n’avait presque plus rien à voir avec la voiture de série : seuls le toit et les portières restaient d’origine, le reste étant un prototype pur-sang construit pour la compétition.
Sous le capot ? Un 4 cylindres turbo 1.4 litre d’une puissance phénoménale — jusqu’à 600 ch — dans une voiture qui pesait à peine plus de 850 kg. Grâce à un châssis tubulaire, une aérodynamique agressive (aileron géant, ailes élargies, spoiler avant imposant), la Capri Groupe 5 devenait un véritable monstre de circuit, capable de rivaliser avec les Porsche 935 et les BMW M1 Procar.
Dans le championnat DRM (Deutsche Rennsport Meisterschaft), la Capri Zakspeed décroche plusieurs victoires, notamment entre 1978 et 1981. Elle marque les esprits tant par son bruit strident que par ses performances explosives, prouvant que Ford pouvait rivaliser avec les meilleurs préparateurs européens.
Une héritière oubliée, mais respectée
Malgré sa carrière sportive impressionnante, la Ford Capri reste parfois sous-estimée par rapport à d’autres icônes européennes comme la Porsche 911 ou la BMW M3. Pourtant, son palmarès est éloquent : multiples victoires en ETCC, domination dans plusieurs championnats nationaux (notamment en Grande-Bretagne avec les British Saloon Car Championships), et une empreinte durable dans l’histoire des courses de tourisme.
Elle fut également l’une des premières “pony cars” européennes à mêler accessibilité et compétition de haut niveau, inspirant de nombreux autres modèles, y compris des sportives japonaises comme la Toyota Celica GT de la même époque.
Conclusion : Une légende de l’asphalte
La Ford Capri, souvent qualifiée de “voiture de rêve abordable”, a aussi été une bête de circuit. De la RS2600 à la Zakspeed Turbo, elle a démontré que Ford savait conjuguer style, performance et agressivité mécanique avec brio. Aujourd’hui, ces modèles de course sont devenus très recherchés, tant par les collectionneurs que par les passionnés d’histoires mécaniques. Leur rugissement sur les circuits européens reste, pour beaucoup, un souvenir impérissable d’une époque où la passion primait sur l’électronique.
Philippe Lepape
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