



Chevrolet Corvette 1965 vs AC Cobra 289 : qui aura le dernier mot ?
L’année 1965 fut un moment charnière dans l’histoire des voitures de sport. De part et d’autre de l’Atlantique, deux monstres mécaniques se disputaient les honneurs sur la route comme sur les circuits : la Chevrolet Corvette Sting Ray et l’AC Cobra 289. L’une, pur produit de l’industrie américaine, puissante et racée. L’autre, alliance inattendue entre un châssis britannique léger et un moteur Ford musclé, taillée pour la course. Deux visions opposées de la performance, deux icônes — mais une seule pouvait prétendre au titre de reine de la route. Alors, qui aura le dernier mot ?
Chevrolet Corvette 1965 : la Sting Ray se muscle
La Corvette de 1965 est une évolution raffinée de la deuxième génération, introduite en 1963. Surnommée « Sting Ray », elle présente une silhouette à couper le souffle, avec ses ailes galbées, son capot sculpté et sa ligne tendue. Mais en 1965, ce n’est pas que le design qui change : la Corvette adopte enfin les freins à disque aux quatre roues, une amélioration majeure en matière de sécurité et de performance.
Sous le capot, la version la plus féroce peut être équipée du petit bloc 327ci (5,4 L) développant jusqu’à 375 chevaux avec injection, ou bien du tout nouveau big block 396ci (6,5 L) de 425 chevaux, introduit au cours de l’année. Le couple est phénoménal, la poussée violente. La Sting Ray devient une bête aussi redoutable sur la route que sur les circuits américains comme Sebring ou Riverside.
Son châssis reste cependant relativement lourd et traditionnel : suspension indépendante, mais poids supérieur à 1 400 kg, ce qui, malgré sa puissance, limite ses qualités dynamiques en virage serré. En ligne droite ? Implacable. Dans les courbes techniques ? Moins agile.
AC Cobra 289 : la bombe anglo-américaine
À l’opposé, l’AC Cobra 289 joue la carte de la légèreté. Née d’une idée folle de Carroll Shelby, la Cobra associe un châssis britannique produit par AC Cars à un moteur V8 Ford de 289ci (4,7 L), pour un cocktail explosif. Pesant environ 900 kg, la Cobra est minimaliste, brutale et directe. Rien de superflu : une carrosserie en aluminium, un habitacle spartiate, une position de conduite orientée performance pure.
Avec environ 271 chevaux dans sa version de base et plus de 300 ch dans ses versions compétition, la Cobra 289 affiche un rapport poids/puissance exceptionnel pour l’époque. Elle accélère de 0 à 100 km/h en à peine 5,5 secondes, rivalisant avec des machines bien plus puissantes sur le papier. Son agilité et sa réactivité sur circuit sont redoutables, en particulier sur des tracés techniques où elle peut humilier des voitures deux fois plus puissantes.
La Cobra 289 n’a pas été conçue pour le confort ni la gloire esthétique, mais pour la victoire. Et elle l’a prouvé : victoires en championnat FIA GT, dominations face aux Ferrari 250 GTO, et humiliation infligée à la Corvette dans plusieurs épreuves américaines.
Route ou circuit : deux philosophies opposées
Sur route, la Corvette 1965 offre un confort supérieur, un intérieur plus raffiné, et une meilleure polyvalence. Elle est faite pour les longues routes américaines, pour cruiser en muscle car avec du style et du couple à revendre. Elle impressionne, elle rugit, elle écrase.
La Cobra, elle, n’est pas à l’aise dans les bouchons ni sur route humide. Elle est bruyante, chaude, nerveuse. Conduire une Cobra, c’est faire un bras de fer avec la voiture à chaque virage. Mais c’est aussi ressentir chaque vibration, chaque mouvement de la suspension. Elle est l’incarnation brute de la conduite sportive, sans filtre ni concession.
Sur circuit, la donne change. Les premiers duels entre Corvette et Cobra dans les années 60 tournent souvent à l’avantage de cette dernière. Les Cobra 289, plus maniables, mieux équilibrées et plus légères, dominent la Corvette sur des circuits techniques. La Corvette ne reprend l’avantage que sur les tracés rapides ou avec l’arrivée du Big Block.
Qui a eu le dernier mot ?
D’un point de vue historique et sportif, la Cobra 289 a laissé une empreinte plus marquante dans la compétition. Grâce à son efficacité et sa victoire au championnat du monde GT en 1965, elle a marqué un tournant : une voiture américaine pouvait battre Ferrari sur son propre terrain.
Mais la Corvette, elle, a survécu. Elle s’est transformée au fil des décennies, devenant une légende vivante. Produite sans interruption depuis 1953, elle symbolise toujours aujourd’hui le rêve américain sur quatre roues. La Cobra, bien que mythique, a vu sa carrière interrompue brutalement en 1967, laissant un héritage culte, mais figé.
Conclusion : l’éternel duel
Alors, qui aura le dernier mot ? Si on parle de victoires en course, de frissons sur circuit et de légèreté tactique, la AC Cobra 289 l’emporte haut la main. Elle représente l’exception, l’éclair de génie, la brutalité pure au service de la compétition.
Mais si on parle de durabilité, d’héritage et de polyvalence, la Corvette 1965 marque un jalon fondamental dans l’évolution d’une icône durable. Elle a ouvert la voie à toutes les générations futures de Corvette, de plus en plus redoutables.
En fin de compte, la Cobra gagne la bataille du mythe, mais la Corvette a gagné celle de la postérité. Deux légendes, deux philosophies — et une rivalité qui continue de faire rêver les passionnés 60 ans plus tard.
Illustration originale – Technique lavis encre de Chine, 50 x 65 cm – Original ou impression tous formats, tous supports
Philippe Lepape
Renseignements
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