

Illustration mixte dessin à la plume mise en couleur avec palette graphique 50 x 70 cm
Beryl Markham et son avion
Beryl Markham : pionnière du ciel et de la liberté
Beryl Markham, née Beryl Clutterbuck le 26 octobre 1902 à Rutland, en Angleterre, est l’une des figures les plus fascinantes de l’histoire de l’aviation et de l’Afrique coloniale. Aviatrice, cavalière, écrivaine et aventurière, elle incarne un idéal rare d’indépendance féminine à une époque où le monde de l’aviation était presque exclusivement masculin. Son nom reste attaché à un exploit retentissant : en 1936, elle devient la première femme à traverser l’Atlantique d’est en ouest en solitaire.
Une enfance africaine
Lorsque Beryl a quatre ans, sa famille s’installe au Kenya, alors colonie britannique. Son père, Charles Clutterbuck, y dirige un élevage de chevaux de course. L’Afrique devient pour la jeune fille un immense terrain de jeu et d’apprentissage. Elle grandit libre, proche des populations locales et de la nature sauvage. Contrairement aux conventions de l’époque, elle est éduquée en grande partie en plein air : elle apprend à chasser, à monter à cheval et à parler le kikuyu. Ce cadre unique forge chez elle un caractère indépendant, une résistance physique et mentale qui lui serviront toute sa vie.
Très jeune, elle s’illustre comme cavalière hors pair. À 17 ans, elle commence à entraîner des chevaux de course, devenant l’une des premières femmes à exercer ce métier professionnellement au Kenya. Son talent la mène rapidement à la réussite, mais son tempérament aventureux la pousse vers d’autres horizons.
L’appel du ciel
Au début des années 1930, fascinée par les avions qui sillonnent le ciel africain, Beryl Markham décide de devenir pilote. Elle prend des leçons auprès de Tom Campbell Black, célèbre aviateur britannique installé au Kenya, et obtient sa licence de pilote commercial. Elle se lance alors dans le transport aérien pour la société African Aero Club, reliant par de longs vols les fermes isolées, les mines et les réserves naturelles. Piloter en Afrique à cette époque, c’est affronter des conditions extrêmes : pistes improvisées, météo imprévisible, navigation sans instruments modernes. Mais Markham se montre intrépide et efficace, gagnant le respect de ses collègues masculins.
Ses vols l’amènent souvent à survoler des territoires inexplorés, notamment pour repérer les troupeaux d’éléphants lors de safaris aériens. Cette expérience renforce son goût de l’aventure et lui donne la maîtrise nécessaire pour tenter un exploit plus ambitieux.
La traversée de l’Atlantique
En septembre 1936, Beryl Markham décolle de l’aérodrome d’Abingdon, en Angleterre, à bord de son monomoteur Percival Vega Gull baptisé The Messenger. Son objectif : rejoindre New York en traversant l’Atlantique d’est en ouest, contre les vents dominants — un défi que très peu d’aviateurs, hommes ou femmes, ont réussi. Après plus de vingt heures de vol, son moteur tombe en panne au-dessus du Canada. Elle parvient à poser son appareil en catastrophe dans un marais de Nouvelle-Écosse. Bien qu’elle ne touche pas New York, son exploit est salué dans le monde entier. Elle devient la première femme à avoir accompli cette traversée en solitaire, et une héroïne célébrée des deux côtés de l’Atlantique.
Une écrivaine sensible et visionnaire
En 1942, Beryl Markham publie West with the Night (En Afrique : Mémoires d’une aviatrice), un récit autobiographique poétique et magistral. L’ouvrage, d’une qualité littéraire exceptionnelle, passe d’abord inaperçu, avant d’être redécouvert dans les années 1980 grâce à l’écrivain Ernest Hemingway, qui loue son style : « Elle écrit tellement bien qu’elle fait honte à la plupart des écrivains hommes. » Le livre est aujourd’hui considéré comme un classique de la littérature de voyage et d’aventure.
Une vie libre et indomptable
La vie de Beryl Markham fut marquée par des amours tumultueuses, des échecs financiers et des recommencements. Après ses années d’aviation, elle revient à son premier amour, l’entraînement de chevaux, et connaît encore des succès sur les hippodromes du Kenya. Jusqu’à sa mort en 1986 à Nairobi, elle incarne l’esprit libre et audacieux d’une femme ayant refusé de se plier aux attentes de son époque.
Héritage
Beryl Markham reste une figure mythique : pionnière de l’aviation, écrivaine d’exception et symbole d’émancipation. Elle a prouvé qu’une femme pouvait conquérir le ciel, tracer sa propre route et vivre selon ses propres règles, dans un monde où tout semblait lui être interdit. Son destin continue d’inspirer les explorateurs, les écrivains et toutes celles et ceux qui rêvent de liberté.
Renseignements
À partir d’une ou de photos d’archive, auteur inconnu ou Philippe Lepape. Mise en couleur et transformation artistique par Philippe Lepape »
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