










Les Auto Union Type A à C : la révolution allemande des « flèches d’argent »
Au cœur des années 1930, une ère nouvelle s’ouvre pour le sport automobile européen. L’Allemagne nazie, désireuse d’affirmer sa puissance technologique, encourage activement le développement de voitures de course capables de dominer les circuits internationaux. C’est dans ce contexte qu’émergent deux légendes : Mercedes-Benz et Auto Union, cette dernière donnant naissance à une série de machines d’avant-garde, les Type A, B et C. Véritables laboratoires roulants, ces voitures bouleversèrent toutes les règles établies et redéfinirent la notion même de performance.
Une conception révolutionnaire
Créée en 1932 de la fusion d’Audi, DKW, Horch et Wanderer, la société Auto Union confie la conception de sa voiture de Grand Prix à un ingénieur de génie : Ferdinand Porsche. Son approche tranche radicalement avec les standards de l’époque. Alors que la majorité des constructeurs optent pour un moteur placé à l’avant, Porsche imagine une architecture à moteur central arrière, bien avant qu’elle ne devienne la norme dans le sport automobile moderne.
Cette configuration offre un meilleur équilibre des masses et une motricité supérieure, au prix d’un comportement exigeant. Les premiers pilotes décrivent une voiture à la fois terrifiante et fascinante : instable à haute vitesse mais diaboliquement efficace entre des mains expertes.
La Type A : la pionnière
Présentée en 1934, la Type A inaugure cette lignée d’exception. Sous sa carrosserie profilée en aluminium, elle abrite un moteur V16 de 4,4 litres développant environ 295 chevaux — une puissance impressionnante pour l’époque. Avec un poids d’environ 825 kg, la voiture atteint 280 km/h en pointe, un exploit qui fait sensation sur les circuits européens. Sa silhouette fluide, son châssis en tubes d’acier et ses innovations aérodynamiques marquent une véritable rupture avec la tradition.
Type B et C : la montée en puissance
En 1935, Auto Union présente la Type B, une évolution affinée de la Type A. Le moteur V16 gagne en cylindrée (4,9 litres) et en puissance, atteignant 375 chevaux. L’équilibre général de la voiture est amélioré, tout comme le système de freinage et la stabilité à haute vitesse. Mais c’est en 1936, avec la Type C, que le projet Auto Union atteint son apogée.
La Type C reçoit un V16 porté à 6 litres, alimenté par un compresseur Roots, développant près de 520 chevaux à 5000 tr/min. Avec un poids inférieur à 850 kg, la Type C est capable de dépasser 340 km/h, une vitesse inimaginable à l’époque pour une voiture à roues découvertes. Son couple phénoménal rend la conduite redoutable : seules des pointures comme Bernd Rosemeyer ou Hans Stuck parviennent à en exploiter tout le potentiel.
Les pilotes et les exploits
Bernd Rosemeyer devient rapidement la figure emblématique d’Auto Union. Ancien motard, il sait manier la brutalité du V16 avec finesse et instinct. En 1936, il remporte le championnat d’Europe des pilotes, faisant triompher la Type C face aux Mercedes W25. Son duel avec Rudolf Caracciola, pilote vedette de Mercedes, entre dans la légende. Rosemeyer incarne l’audace et le talent pur, jusqu’à sa mort tragique en 1938 lors d’une tentative de record de vitesse sur autoroute.
Les Auto Union participent à de nombreuses épreuves, de l’Avus au Nürburgring, en passant par Monza ou Tripoli. Elles accumulent les victoires et les records, affirmant la suprématie technique de l’industrie allemande sur la scène internationale.
Un héritage technique durable
Les Type A à C ne sont pas seulement des voitures de course victorieuses : elles représentent une révolution technologique. Leur moteur central arrière, leur utilisation massive de l’aluminium, leur compresseur, leurs suspensions indépendantes et leur conception modulaire inspireront les générations futures. Après la guerre, ces innovations serviront de base à de nombreux constructeurs, notamment à Porsche, dont les premières voitures de sport reprennent directement l’esprit et la philosophie d’Auto Union.
Aujourd’hui, les Auto Union Type A, B et C sont considérées comme des icônes absolues de l’histoire automobile. Quelques exemplaires, restaurés ou reconstitués, se retrouvent dans les musées Audi ou lors d’événements prestigieux comme le Goodwood Festival of Speed. Leur sonorité de V16 compressé, leur design avant-gardiste et leur audace technique continuent de fasciner collectionneurs et passionnés.
Ces machines d’exception symbolisent à la fois la quête de performance et la créativité humaine, dans une époque où la technologie et le courage s’alliaient pour repousser les limites du possible. Les Auto Union Type A à C restent ainsi les véritables ancêtres des monoplaces modernes — les premières flèches d’argent à avoir redéfini la vitesse.
Illustration Auto Union type C – mise en couleur d’un lavis d’encre de chine art print tableau 50 x 65 cm
Renseignements
“À partir d’une ou de photos d’archive, auteur inconnu ou Philippe Lepape. Mise en couleur et transformation artistique par Philippe Lepape »
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