



Vincent HRD 1000
Le pur-sang noir qui a défié le temps
Par un matin brumeux d’Angleterre, un grondement sourd fend le silence. En un éclair noir, elle passe. Elle laisse derrière elle l’odeur d’huile chaude et un vertige : la sensation d’avoir entrevu la vitesse pure. Voici l’histoire de la Vincent HRD 1000, la moto qui a osé tout réinventer.
Une mécanique d’avant-garde
« Construire la meilleure moto du monde, ou rien » — Philip Vincent
Derrière son allure sobre et tendue se cache un monstre d’ingénierie. La HRD 1000 embarque un bicylindre en V à 50° de 998 cm³, culasses à soupapes en tête, distribution par culbuteurs et un couple phénoménal. À la fin des années 40, elle développe plus de 55 chevaux, quand la plupart de ses concurrentes peinent à en atteindre 30.
Mais surtout, elle réinvente le châssis : Philip Vincent supprime le cadre tubulaire classique et utilise le moteur comme élément porteur. Résultat : une moto plus rigide, plus légère et plus stable. L’arrière adopte une suspension cantilever — deux amortisseurs horizontaux sous la selle — tandis que l’avant reçoit une robuste fourche girder.
Ces choix visionnaires propulsent la HRD dans une autre dimension. La Black Shadow, version la plus célèbre, dépasse les 200 km/h de série. La Black Lightning, version allégée et préparée, tutoie les 240 km/h. En 1950, aucune autre moto de série ne s’en approche.
La conquête de la vitesse
« Il a fallu qu’il enlève son cuir pour aller plus vite. Et il l’a fait. »
En 1948, sur le lac salé de Bonneville, un Américain nommé Rollie Free inscrit à jamais la Vincent dans la légende. Pour battre le record de vitesse en moto, il s’élance sur une Black Lightning minimaliste. Il enlève le carénage… puis son cuir.
Allongé à plat ventre, vêtu d’un simple maillot de bain, il fend le sel à 241 km/h. La photo de cet instant, devenue mythique, montre son corps étiré sur le réservoir noir, comme une flèche humaine. Ce jour-là, la HRD 1000 n’était plus une moto : c’était un missile vivant.
Taillée pour l’endurance
Si la HRD est née pour la vitesse, elle sait aussi encaisser les coups. En 1948, Arthur Merrett engage une Rapide Series B 998 cm³ à l’International Six Days Trial, l’épreuve tout-terrain la plus impitoyable du monde. Elle franchit la ligne d’arrivée couverte de boue mais victorieuse, prouvant que sous sa robe noire bat un cœur endurant et indestructible.
Ces hommes qui chevauchaient le tonnerre
La Vincent attira une poignée d’hommes audacieux. Rollie Free, évidemment. Mais aussi un jeune mécanicien prometteur : John Surtees, futur champion du monde de Formule 1, qui conçut dans les ateliers Vincent les bases d’une 1000 de course personnelle.
Tous partageaient le même regard brillant : celui de ceux qui savent qu’ils chevauchent une machine qui peut les tuer… mais qui la domptent quand même, pour sentir ce frisson pur que seule une Vincent peut offrir.
Anecdotes de légende
- Les premières HRD 1000, les Series A, si complexes et couvertes de tuyaux, furent surnommées « plumber’s nightmare » — le cauchemar du plombier.
- Le nom HRD vient de Howard Raymond Davies, ancien coureur. Après des confusions avec Harley-Davidson, la marque devint simplement Vincent en 1949.
- La rare Black Shadow Series D (1955) fut produite à seulement 144 exemplaires. Ces dernières machines quittaient l’usine alors que l’entreprise s’effondrait — sans savoir qu’elles deviendraient plus tard des trésors de collection.
L’ombre et la gloire
Brillante, mais coûteuse et complexe, la HRD 1000 était un pur-sang dans un marché qui voulait des poneys dociles. Sa fabrication ruina l’entreprise. En 1955, la dernière Vincent sort de l’usine de Stevenage.
Et pourtant, chaque fois qu’une HRD 1000 démarre aujourd’hui, le sol vibre, les têtes se tournent et les souvenirs s’éveillent. Son grondement grave, la tension de son cadre nu, l’odeur d’essence et de métal chaud rappellent qu’ici bat encore le cœur d’une époque où la vitesse était une conquête héroïque.
La Vincent HRD 1000 n’est pas qu’une moto.
C’est un mythe roulant, une légende noire qui a osé aller plus vite que le temps.
À retenir
Production arrêtée en 1955
998 cm³, 55 ch, plus de 200 km/h en 1948
Cadre innovant sans tubes, moteur porteur
Record de 241 km/h par Rollie Free
Illustration 98 x 98 cm technique mixte dessin/palette graphique
Renseignements
“À partir d’une ou de photos d’archive, auteur inconnu. Mise en couleur et transformation artistique par Philippe Lepape »
NB : Les images dont je m’inspire sont anciennes et je ne dispose pas des noms des ayants droits malgré mes efforts pour les identifier je retirerai mes images de mon site sur simple demande.
Pour tout renseignement me contacter au 06 78 16 68 53 (33 6 78 16 68 53) ou la rubrique “contact“