Sidecar basset Matchless close up dans la course – art print


Sidecar basset Matchless — Une mécanique au ras du sol

Certaines machines semblent nées pour défier les lois de la gravité, frôlant le sol à une vitesse qui donne le vertige. Le sidecar basset en est l’incarnation la plus radicale. Posé à quelques centimètres de l’asphalte, long, plat, nerveux, il évoque à la fois une balle de métal et un fauve mécanique prêt à bondir. Mon illustration d’un basset propulsé par un moteur Matchless est née de cette fascination pour les engins qui repoussent les limites de la physique et de l’imagination.

Les sidecars bassets sont apparus dans les années 1950 et ont révolutionné le sport moto. Jusqu’alors, les sidecars de course restaient proches des modèles routiers : lourds, hauts sur roues et relativement peu agiles. Les bassets — nom inspiré du chien du même nom, court sur pattes et proche du sol — ont tout changé. Leur architecture extrêmement basse et allongée permet d’abaisser le centre de gravité et d’augmenter la vitesse en virage. Le passager, surnommé le « singe », se déplace en permanence, rampant littéralement hors du panier dans les virages pour contrebalancer les forces centrifuges. Le spectacle est saisissant : deux êtres humains fusionnés avec une machine, dans une chorégraphie de précision et de courage.

J’ai choisi d’imaginer cette silhouette extrême animée par un moteur Matchless, pour le contraste qu’il offre entre tradition et radicalité. Matchless, marque britannique fondée au début du XXᵉ siècle, est surtout connue pour ses monocylindres robustes et ses bicylindres compacts, qui ont marqué les années 40 à 60 par leur fiabilité et leur caractère. Les moteurs Matchless ont équipé de nombreuses motos de course et de série, reconnaissables à leur esthétique sobre et leurs ailettes profondes, signature d’un design pensé pour durer. Associer ce patrimoine britannique à un châssis basset, c’est unir deux mondes : la rigueur classique et l’exubérance pure.

Dans mon illustration, le moteur Matchless devient le cœur battant de cette créature basse et tendue. Le bloc est presque nu, exposé, comme une pièce d’orfèvrerie mécanique. J’ai choisi de le représenter légèrement en avant dans le châssis, en position porteuse, afin qu’il participe visuellement à la structure. Les échappements longs et fins soulignent la ligne tendue de l’ensemble, tandis que le réservoir minuscule et la selle réduite à sa plus simple expression rappellent que tout, ici, est sacrifié à la performance. Le châssis tubulaire enveloppe le moteur comme une araignée d’acier, fusionnant l’organique et le mécanique.

Ce qui m’a toujours fasciné dans les bassets, c’est leur caractère paradoxal. Ils sont à la fois minimalistes et extrêmes : aucun superflu, mais une intensité presque animale. Ils ne ressemblent pas à des motos classiques, et pourtant, ils incarnent peut-être plus que toute autre machine l’essence même de la vitesse. À quelques centimètres du sol, chaque irrégularité de l’asphalte devient un relief, chaque virage une épreuve de confiance absolue. C’est ce sentiment que j’ai voulu capturer dans mon illustration : cette tension permanente entre la stabilité absolue et le déséquilibre imminent.

J’ai également accordé une grande attention au duo pilote–singe. Même si ma composition reste figée, elle suggère leur présence : repose-pieds avancés, plateforme du passager élargie, prises de main intégrées au châssis. Dans un basset, le passager ne se contente pas d’accompagner ; il devient une partie mobile de la machine. C’est une relation unique dans le monde du sport mécanique, une sorte de danse à deux où la confiance et la synchronisation sont vitales. Cette dimension humaine, presque acrobatique, ajoute à la poésie sauvage de l’engin.

Le choix d’un moteur Matchless est aussi un hommage à une certaine idée de la mécanique britannique : sobre, fonctionnelle, sans artifice. Les moteurs Matchless n’étaient pas les plus puissants de leur époque, mais ils possédaient un couple généreux et une sonorité grave, presque organique. Dans le contexte d’un basset, cette motorisation prend une saveur particulière : elle devient le cœur obstiné d’une machine ultra-légère, la discipline contenue au sein d’une forme débridée. J’aime imaginer le grondement sourd du monocylindre Matchless, amplifié par la caisse métallique du châssis, résonnant comme une note continue qui fend le vent.

Créer ce sidecar basset Matchless en image, c’était avant tout un jeu d’équilibre. Il fallait que l’ensemble paraisse crédible aux yeux des passionnés, tout en gardant une part d’irréalité, ce petit décalage qui attire le regard et nourrit l’imaginaire. J’ai étudié de nombreux châssis de compétition des années 60 et 70 : proportions, position des roues, géométrie de direction ultra-fermée, suspensions minimalistes. Puis j’ai tout recomposé dans un langage graphique personnel, en exagérant légèrement les lignes pour accentuer la sensation de vitesse et de tension.

Ce projet est aussi, à sa manière, une déclaration d’amour à la liberté que représente la moto sous toutes ses formes. Le basset est peut-être l’une des expressions les plus pures de cette liberté : sans compromis, sans confort, sans concessions à l’usage quotidien. C’est une machine qui n’existe que pour un instant parfait — celui où tout est tendu à l’extrême, où le monde devient un simple ruban de bitume qui défile à toute allure. En y plaçant un moteur Matchless, j’ai voulu rappeler que cette quête de vitesse et de maîtrise s’enracine toujours dans quelque chose de plus ancien, de plus profond : le respect du travail bien fait, de la mécanique simple et honnête.

En présentant cette illustration sur mon site, j’invite chacun à s’arrêter un instant pour contempler cette improbable alliance : le classicisme britannique et la déraison des circuits. Qu’on soit passionné de compétition, amateur de belles mécaniques ou simplement curieux, il y a dans ce basset Matchless quelque chose d’universel : le goût du risque, la beauté brute de la vitesse, et ce frisson qu’on ressent face aux machines qui osent tout.

Illustration 80 x 120 technique mixte dessin/palette graphique

Renseignements

“À partir d’une ou de photos d’archive, auteur inconnu. Mise en couleur et transformation artistique par Philippe Lepape »

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